La baie de l’Aiguillon
Action opérationnelle de la baie de l’Aiguillon
La baie de l’Aiguillon, située à la frontière entre la Vendée et la Charente-Maritime, constitue l’exutoire des 600 000 ha du bassin versant du Marais poitevin. La morphologie actuelle de la baie résulte des endiguements successifs qui ont été réalisés dans le marais au cours des siècles. Les influences telluriques et marines induisent et conditionnent les grand milieux que l’on va trouver en baie de l’Aiguillon, notamment les prés salés (1 100 ha) et les vasières (3 700 ha).
Un site d'accueil des oiseaux migrateurs
de valeur internationale, classé dans les cinq premiers sites pour les canards et limicoles
Un siège d'activités économiques
pour la conchyliculture et la pêche, lié à sa position d'interface entre la terre et la mer.
600 000 ha de bassin versant
se déversent dans la baie et conditionnent directement la qualité des eaux.
Une zone de forte production primaire utile aux oiseaux et aux hommes
Le classement en Réserves naturelles nationales de la baie de l’Aiguillon provient de son exceptionnelle richesse ornithologique. En effet, le littoral français représente une zone privilégiée sur la voie de migration est-Atlantique, et la baie de l’Aiguillon constitue un site de première importance pour les oiseaux d’eau, reflets directs de la richesse et de la qualité du milieu. Les oiseaux y trouvent quiétude et nourriture. Ainsi, ce site de valeur internationale accueille d’importantes populations de limicoles et d’anatidés en hivernage ou en escale migratoire.La conchyliculture, et notamment la mytiliculture, est une activité traditionnelle en baie de l’Aiguillon. Elle se pratique notamment sur des pieux, appelés localement bouchots. Cependant, du fait d’un envasement naturel progressif de la baie, cette activité a eu tendance à sortir de celle-ci au cours du 20e siècle. Ce phénomène est accéléré notamment par les pièges à sédiments que constituent les bouchots, mais aussi par l’abandon des concessions les plus en amont : en premier lieu les bouchots (où la mortalité fut la plus importante lors de la crise du mytilicola dans les années 60) puis de l’ostréiculture qui a succédé à la mytiliculture sur ces secteurs.
Ces pieux de bouchot et tables ostréicoles abandonnés servent de support au développement de gisements sauvages d’huître japonaise (Crassostrea gigas) dont le tonnage estimé est de 3 400 tonnes (IFREMER, 2012), répartis sur une surface d’environ 240 ha en couvrant les vasières naturellement présentes sur ces secteurs.
Vers une renaturation de la vasière ?
L’objectif d’un programme d’intervention est donc d’expérimenter sur trois ans une méthodologie visant à tester l’enlèvement de ces amas d’huîtres et structures conchylicoles abandonnées, en concertation avec la profession conchylicole, afin de retrouver de l’habitat naturel de vasière. Cet objectif est inscrit au plan de gestion de la Réserve naturelle nationale de la baie de l’Aiguillon.L’objectif est de restaurer au minimum 140 hectares de vasières.
Les secteurs d’intervention sont localisés sur la pointe de l’Aiguillon, au niveau du Canal de Luçon et sur les vasières de Charron.
Plusieurs étapes préalables
- Réaliser un inventaire de la faune benthique de ces secteurs colonisés par les huîtres sauvages et tout en mettant en évidence l’impact de ces bivalves sur les réseaux trophiques de la baie de l’Aiguillon. Ce travail est réalisé sous forme de prestation avec un organisme de recherche et nécessite l’implication du gestionnaire de la Réserve.
- Réaliser une étude topographique avant et après travaux afin d’évaluer l’impact de ces derniers notamment sur la dynamique sédimentaire.
- Réaliser, avec l’entreprise retenue, une planification des travaux afin de choisir finement les secteurs d’intervention, d’appréhender les impondérables liés à l’intervention (accessibilité par le bateau), de déterminer le phasage des travaux (dépendant avant tout des coefficients de marée et de la météorologique).
Les difficultés d’accès à la vasière, l’ancienneté des concessions et l’absence de cartographie nécessitent un fort investissement en temps avant tout commencement des travaux. Un inventaire préalable de la faune benthique est également nécessaire, tout comme la réalisation des instructions réglementaires des travaux envisagés.
Aux termes du programme de travaux, une évaluation de l’impact de ceux-ci, notamment en matière de sédimentation, sera effectuée.
Un colloque pour la restitution des résultats
Un colloque sur le thème de la « Restauration des fonctionnalités environnementales du littoral en contexte conchylicole » a eu lieu les 28 et 29 octobre 2020.
Ces deux journées de rencontres et d’échanges ont permis :
- de faire un état des lieux des connaissances sur les rôles et fonctions du littoral en contexte conchylicole
- de présenter les résultats des travaux de restauration de vasière en baie de l’Aiguillon
- de présenter les résultats de diverses expériences françaises, européennes et américaines de restauration de zones estuariennes.
Toutes les interventions ont été filmées et sont disponibles sur la page dédiée.
Inventaire de la faune benthique et analyses des sédiments
Un inventaire de la faune benthique, des analyses granulométriques des sédiments, ainsi que des mesures de la matière organique préalable aux expérimentations d’enlèvements de « crassats » ont été réalisés. Jérome Jourde, spécialiste des expertises taxonomiques des macro-invertébrés marins, était en charge de cette étude. Le rapport de Jérôme Jourde est téléchargeable ici, dans la rubrique « Etudes ». Le même inventaire et les mêmes analyses de sédiments ont été effectués lors du printemps 2021.Plus d’informations dans la rubrique actualités et sur la page suivis biologiques.
Etude de la topographie de la baie de l’Aiguillon
La société Opsia a réalisée une étude de la topographie en baie de l’Aiguillon. Un modèle numérique de terrain a été généré. Ces données publiques sont disponibles sur demande au Parc naturel régional du Marais poitevin.Plus d’informations dans la rubrique actualités.
Un deuxième relevé LIDAR a eu lieu en automne 2021 pour évaluer l’influence des travaux sur la sédimentation. Les résultats sont disponibles dans le rapport portant sur l’ Etude des évolutions géomorphologiques de la baie de l’Aiguillon .
Etat d’avancement des travaux d’enlèvements des crassats
L’entreprise retenue pour réaliser les travaux de restauration de vasière est SAS CTAT. Deux machines amphibies, pouvant se déplacer dans l’eau et sur la vase, ont été conçues pour les travaux.Trois phases de travaux ont eu lieu. Au total, 158 marées de travail ont permis de restaurer 118 hectares de vasières. 34 tonnes de tables et de ferrailles ont été recyclées, et 42 000 m3 de coquilles d’huîtres broyées.
Plus d’information ici, ici et dans le Bilan des travaux d’enlèvement de gisements sauvages d’huîtres japonaises .