Les suivis biologiques
Le contexte
Toutes les actions menées lors d’un programme LIFE doivent faire l’objet d’une évaluation environnementale avant, pendant et après l’action. C’est donc dans ce cadre que se feront différentes évaluations. Elles concernent :
- Des suivis ornithologiques par comptage des oiseaux nicheurs (au chant principalement) sur toute la bordure de la baie de l’Aiguillon et sur la Prée Mizottière. Cette action se déroule au printemps.
- Un suivi des populations d’amphibiens au chant de février à avril. La zone concernée est la périphérie intérieure de la baie de l’Aiguillon et la Prée Mizottière. Ces secteurs sont échantillonnés par grands carrés. Sur chaque carré, est noté le nombre de contacts, nous permettant ainsi d’avoir des densités et donc de voir leur évolution lors de la durée du LIFE.
- Une cartographie d’habitats. Cela vaut surtout pour la zone réservée à la dépoldérisation sur la Prée-Mizottière.
Objectifs
Dans l’objectif de restaurer un habitat de vasière, un inventaire de la faune benthique, des analyses granulométriques des sédiments, ainsi que des mesures de la matière organique sont réalisés. Il s’agit de déterminer quelles espèces et habitats sont présents avant et après les travaux et ainsi, évaluer finement si les objectifs ont été atteints.
La macrofaune benthique est généralement définie comme constituant la fraction des animaux (faune), visibles à l’œil nu (macro) et inféodés au substrat dans ou sur lequel ils vivent (benthique), que ce soit dur (roches, platiers) ou meuble (sables, vases). Il s’agit pour l’essentiel d’organismes invertébrés. Ces organismes et communautés d’organismes sont largement utilisés pour évaluer l’impact et les niveaux de perturbation des milieux aquatiques marins et continentaux, ainsi que pour suivre des processus de restauration.
Déroulement de l’étude
L’inventaire de la macrofaune consiste à réaliser des « carottes » de vases (diamètre 20 cm profondeur 20-25 cm) sur 3 stations comprenant 3 sous-stations de 3 échantillons c’est-à-dire 27 carottes de vase par zone de travaux (Pointe de l’Aiguillon, Charron et Canal de Luçon – voir la carte). Parallèlement, des prélèvements d’huîtres directement sur les crassats sont effectués à l’aide d’un quadrat (surface de 0,1 m²).
Des sédiments meubles sont également prélevés pour réaliser, a postériori, l’analyse de la structure granulométrique et de la matière organique de chaque sous-station.
Afin de distinguer la variabilité spatiale « naturelle » de celle liée aux travaux, des sites « contrôles » non impactés par les travaux ou consécutivement à ceux-ci sont étudiés. Ces derniers sont répartis en baie de l’Aiguillon ainsi que dans des milieux semblables : en baie de Marennes Oléron, sur les vasières de Saint Froult et Port des Barques.
Résultats
Sur les substrats meubles, on retrouve les espèces communes des estuaires notamment les vers tels que Hediste (Nereis) diversicolor ou encore les hydrobies Peringia ulvae. Les scrobiculaires Scrobicularia plana se trouvent principalement dans la vase alors que le substrat sablo-vaseux de la pointe de l’Aiguillon favorise la présence de coques Cerastoderma edule. Peu d’espèces non-indigènes ont été rencontrées dans les substrats meubles au cours de cette étude.
L’étude révèle la grande richesse que les crassats hébergent du fait de la structure tridimensionnelle de cet habitat. En revanche, les échantillons collectés sur les récifs d’huîtres contiennent des espèces introduites, comme la balane Austrominius modestus, le crabe japonais Hemigrapsus takanoi ou encore le mollusque gastéropode Tritia neritea.
Le rapport de Jérôme Jourde est téléchargeable ici : Jourde J (2018) Etude biosédimentaire des communautés benthiques des récifs d’huîtres en baie de l’Aiguillon - état avant travaux
Objectifs
Le programme LIFE Baie de l’Aiguillon prévoit de renforcer les aménagements de canalisation du public, afin de préserver les habitats dunaires du piétinement et fixer le sable. Ces actions se traduisent entre autre par la pose de ganivelles, fils lisses et plots de bouclage et le retrait d’une partie des blocs bétons.
Ces travaux participeront à un meilleur état de conservation des habitats de la pointe, au développement du cortège floristique associé aux habitats de dunes grises et amélioreront ainsi la capacité d’accueil de ces espaces aux passereaux inféodés à ces milieux. Dans ce cadre, une étape préliminaire aux travaux consiste à évaluer la capacité d’accueil du site notamment pour les oiseaux nicheurs.
© Thomas Jouanneau / PHONIC LIPS
Déroulement de l’étude
Un suivi des passereaux nicheurs est réalisé deux fois au cours de la saison de reproduction (avril et mai) au lever du jour. Il consiste à parcourir l’ensemble de la pointe et réaliser des points d’écoute afin de recenser les mâles chanteurs.
Le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus) est une espèce protégée en France, inscrite à l’Annexe I de la Directive Oiseaux, aux Annexes II de la Convention de Berne et de la Convention de Bonn. Elle trouve sur la pointe de l’Aiguillon le seul site de la réserve naturelle propice à sa reproduction, de par la présence de dune embryonnaire.
Cette espèce fait également l’objet d’un suivi de la reproduction à la pointe. Ce suivi nécessite des observations attentives de cette espèce discrète afin de déterminer le nombre de couples reproducteurs. Le Gravelot à collier interrompu est une espèce soumise à de nombreux dérangements anthropiques au cours de la reproduction et peut, en cas d’échecs, réaliser plusieurs pontes. Il est donc nécessaire de réaliser plusieurs passages au cours de la saison de reproduction.
Jeune Gravelot à collier interrompu
Résultats
Passereaux
Depuis 2016, 34 espèces de passereaux ont été identifiées sur la pointe de l’Aiguillon. A noter la reproduction avérée de l’Alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla). On retrouve les espèces communément observées sur la réserve dans les habitats de prés salés (Gorgebleue à miroir, Alouette des champs, Cisticole des joncs, Bruant des roseaux…), les espèces inféodées à la dune (Pipit rousseline, Alouette calandrelle) ainsi que des espèces que l’on retrouve dans les bosquets ou arbustes buissonnants (Accenteur mouchet, Rossignol philomène, Linotte mélodieuse, Tarier pâtre…).
Les travaux de renforcement des aménagements de canalisation du public (pose de ganivelles et de fil lisse) permettent de réduire le piétinement des dunes grises et des prés-salés. Ils participent à un meilleur état de conservation des habitats de la Pointe et au développement du cortège floristique associé aux habitats de dune embryonnaire, de dune grise et des prés-salés. Ils améliorent ainsi la capacité d’accueil de ces espaces aux oiseaux inféodées à ces milieux.
Alouette des champs (Jean C. Roché)
Gorgebleue à miroir (Jean C. Roché)
Pipit rousseline (Jean C. Roché)
Gorgebleue à miroir
Gravelot à collier interrompu
Le nombre de reproducteurs de Gravelot à collier interrompu observé varie entre 6 et 10 selon l’année. La modification du cheminement par la pose de ganivelles et donc la fermeture d’un accès au public ont permis l’installation d’un nid en 2021 dans la zone. La sensibilisation du public à la nidification du Gravelot à collier interrompu par la pose de panneaux d’information permet également de favoriser la reproduction de cette espèce.
La femelle pond 3 ou 4 œufs à même le sol, dans une petite cuvette. L’incubation des œufs, assurée par les deux partenaires, dure environ 26 jours.
Localisation des individus de Gravelot à collier interrompu lors du suivi de nidification réalisée chaque année.
Objectifs
Avec l’acquisition de la Prée Mizottière en 2001, l’objectif du Conservatoire du littoral était la reconversion des terres arables en prairies humides à vocation écologique avec le maintien d’une exploitation agricole économique viable. En 2004, un exploitant agricole s’installe sur la Prée Mizottière. Son objectif agricole était conforme aux souhaits du Conservatoire du littoral.
Le programme LIFE Baie de l’Aiguillon prévoit des travaux de valorisation écologique : la restauration d’ouvrages hydrauliques facilitant la gestion de l’eau sur le site et le déplacement d’une digue à la mer pour pouvoir créer un véritable milieu estuarien (pré salé, roselière) en lieu et place de culture céréalière. Des travaux de valorisation pédagogique sont également prévus dans le cadre du Life par la création d’une plateforme d’observation.
Les travaux envisagés relèvent de la restauration de milieux naturels. Il est donc indispensable de faire un suivi des espèces inféodées au prairies naturelles et zones humides de la Prée Mizottière avant et après travaux.
Digue de la Prée Mizottière le long de la Sèvre Niortaise © Thomas Jouanneau / PHONIC LIPS
Déroulement de l’étude
Un suivi des amphibiens est également réalisé sur la Prée Mizottière. Trois passages sont effectués au cours de la saison (de mars à mai), à la tombé de la nuit. Le suivi consiste à réaliser des points d’écoute réguliers et d’identifier la présence ou l’absence d’amphibiens dans un carré de 100m². Tous les amphibiens entendus sont notés pour chaque point d’écoute.
Suivi amphibien nocturne en avril 2019
Résultats
Les travaux réalisés sur la Prée Mizottière relèvent de la restauration de milieux naturels. Des suivis d’espèces inféodées aux prairies naturelles et prés salés sont donc réalisés avant et après travaux.
Passereaux nicheurs
Au printemps, l’équipe réalise un suivi des passereaux nicheurs de la Prée Mizottière par points d’écoute. La carte ci-dessous présente les résultats de ce suivi en 2019 : les différentes espèces inféodées à différents habitats avec notamment l’Alouette des champs et le Bruant proyer dans les zones ouvertes de cultures et de prairies, la Rousserolle effarvatte dans les roselières, la Gorgebleue à miroir et le Bruant des roseaux sur les prés salés.
Amphibiens
Au printemps, un suivi nocturne des amphibiens par points d’écoute est également réalisé. Les deux principales espèces présentent sur la Prée Mizottière sont le Pélodyte ponctué, petit crapaud typique des prairies humides du Marais Poitevin, et la Rainette méridionale en limite Nord de sa répartition.
Pelodyte ponctuee Crédit : Bequard
Rainette méridionale Crédit : Bequard
Les cartes ci-dessous montre les espèces et les associations d’espèces d’amphibiens recensées sur le site lors du suivi de 2017 (avant travaux) et de 2021 (après travaux, dernière année du suivi). Le nombre de mailles occupées est plus élevée en 2021.
